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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, avril 28, 2024

Que cela et quelques vers pour petite joie

 


Devais partir aux environs de huit heures pour gagner en marche lente éventuellement, selon forme, la Scierie sans passer par le bord du fleuve où trop froid fait pour moi à cette heure. Avais bien organisé tout du moins le pensais… mais quand ai voulu rassembler les deux derniers éléments indispensables soit l’appareil photo et le téléphone pour aller sous la douche et préparer, après lecture du billet rituel d’entrée dans le jour, carcasse à cette longue journée sans aide, affolement… le téléphone n’était ni dans la poche du blouson ni à sa place ordinaire ni aux endroits pouvant éventuellement être explicables et malgré ma résolution de rester-calme dans mes recherches était quand l’ai retrouvé une demi heure pas tard environ bien trop énervée pour après m'être occupée de carcasse m’en aller d’un pas ferme et fier.. 



ai joint deux bénévoles pour m’excuser, annoncé ma présence à la journée (plus courte) de dimanche, tenté de joindre le petit fils auquel j’avais indiqué dix neuf heures trente comme horaire du rendez-vous rituel de fin de mois de peur de le faire attendre pour lui dire qu’on pouvait avancer cette heure… ai fini de me préparer au jour lentement, m’en suis allée lire quelques contributions au #5 de l’atelier jusqu’à sentir que n’aurai plus que « mauvaise lecture » non constructive comme l’aurait estimée Maxime Decout lors du séminaire de William Marx annexé à son cours « Comment lire ? » (vidéo https://youtu.be/8Rv2e3uaGI0?si=dpMBpzNOYXCwYc_L), ai déjeuné, siesté, relu un peu, mis le nez dans le Rabelais édité par tiers.livre Editeur  dont l’arrivée aux alentours de dix heures avait bizarrement « récompensé » mon étourderie.

Plaisir pour la mauvaise élève d’entendre William Marx puisque j’en parlais citer, dans sa leçon n°15 (je rattrape peu à peu mon retard), Proust, dans « Sur la lecture » à propos du lettré Lui, lit pour lire, pour retenir ce qu’il a lu. Pour lui le livre n’est pas l’ange qui s’envole aussitôt qu’il a ouvert les portes du jardin céleste, mais une idole immobile, qu’il adore pour elle-même, qui, au lieu de recevoir une dignité vraie des pensées qu’elle éveille, communique une dignité factice à tout ce qui l’entoure. Le lettré invoque en souriant en l’honneur de tel nom qu’il se trouve dans Villehardouin ou dans Boccace, en faveur de tel usage qu’il est décrit dans Virgile. Son esprit sans activité originale ne sait pas isoler dans les livres la substance qui pourrait le rendre plus fort ; il s’encombre de leur forme intacte, qui au lieu d’être pour lui un élément assimilable, un principe de vie, n’est qu’un corps étranger, un principe de mort.




Après un moment de lumière sur la cour en milieu de jour le ciel était blanc et les petites feuilles de la plante invasive qui peuple les pots abandonnés de la cour dansaient dans l’air tourbillonnant quand j’ai endossé le blouson bleu avec téléphone dans le poche pour m’en aller vers la place devant la tour Saint Jeans le Vieux. En fait, en sortant n’était que ventilet, fraîcheur très relative mais lumière morte sous plafond bosselé, gris sur 


Sur la place les bancs qui accueillaient mes frères vieux maghrébins ont té déposés et les garages à vélos multipliés… J’avais cinq minutes d’avance, quatre gouttes espacées se sont échappées de l’humidité ambiante et le petit fils est arrivé,  superbe et souriant avec deux minutes d’avance, un piapia de longueur écourtée,  il m’a conseillé de ne pas sortir à cause du vent, je lui ai ri au nez, puisque vent n’y avait point de respectable à mon avis, nous nous sommes séparés, 



trois ou quatre rafales fortes (assez) lui ont donné fugitivement raison, ai acheté de quoi me rebricoler un piquenique pour demain (là je crains la pluie avec l’enquiquinement des deux mains occupées bâtissant le parapluie… on verra bien.

Pour le poème du jour je garde celui que j’avais préparé pour sa brièveté et sa gentille complétude, tiré de « Comme je suis ce buisson » d’Henri Meschonnic chez Arfuyen

aujourd’hui j’ai rencontré

une petite joie je me suis

fait aussi petit qu’elle pour

être l’instant qui en est plein.

samedi, avril 27, 2024

Tranquillement

 


Pluie ne fut matin

qu’en faible plaisanterie

presqu’invisible

juste de quoi teinter les dalles fugitivement pendant que je terminais vaille que vaille (pas certaine d’être dans les clous) ma contribution au #5 de l’atelier de François Bon, et quand dans l’après-midi m’en suis allée dans les rues à côté des rouleaux gris qui se succédaient le ciel s’offrait de fractures en bleu de plus en plus étendues.



Pourtant l’air, s’il était immobile, remuant à peine, lentement, m’a saisi en quittant l’antre, ne s’est adouci qu’assez peu en marchant au coeur de la ville, et j’ai obéi aux recommandations de l’amie organisatrice en préparant dans un sac, pour accompagner la grosse salade de pâtes qui attend au réfrigérateur une couverture bleue parce que la Scierie où se tient pendant deux jours (ne me suis inscrite que pour samedi de 9 heures à la fin d’après-midi) une réunion sur l’avenir de Rosmerta n’est pas chauffée.



Et pour ramener cette froidure d’avril dans ma vallée du sud Vaucluse à sa réalité et me moquer un peu de moi, recours pour le poème du jour au « Nu perdu » de Char, et à un court poème de la première partie « retour amont »

Venasque

Les gels en meute vous rassemblent,

Hommes plus ardents que buisson ;

Les longs vents d’hiver vous vont prendre.

Le toit de pierre est l’échafaud

D’une église glacée debout.


vendredi, avril 26, 2024



Dans l’après-midi

s’en sont venus nuages

peupler notre bleu

pour préparer l’arrivée

des jours pluvieux annoncés




Charriant linge

dans les rues m’en suis allée

captant lumière

et couleurs pour vie douce

contre sotte inquiétude



Et pour tenter un sourire discret ai recours pour le poème du jour à Thomas Vinau

Parfois on ne le sait jamais

J’aime assez ce moment

dans la rue dans les gares

sur un banc

lorsqu’on ne sait pas encore

si le type en face

qui parle tout seul

en remuant les bras

est un psychotique

ou un homme d’affaires

avec une oreillette.

jeudi, avril 25, 2024

Colère impuissante et recours à Ducasse

 


Ciel bleu avec vent mais moins violemment éloquent que mardi. Corps moulu, tendu, douloureux, gélule de cassis, doliprane et volonté… activité insistante dans l’antre et pour la cour… arrêt conscience en paix un peu après onze heures pour mettre en mots ce qui, dans ou hors du sujet, se dessinait depuis dimanche soir pour répondre au #5 de l’atelier, le premier quart à peu près satisfaisant achevé, relu, rapetassé un peu après midi… abandon provisoire. J’avais prévu (sans m’y engager heureusement) de rejoindre une bénévole très active, efficace et sympathique et quelques jeunes de Rosmerta vers seize heures à Ceccano pour un « quiz afro-culture » avant, si pas trop de vent et forces au meilleur de leurs possibilité, la réunion des bénévoles actifs rue de la Trillade mais pendant que je déjeunais appel téléphonique du plombier chargé d’éviter les infiltrations de ma terrasse… lui fait part de mes doutes quant aux conséquences pour l’évacuation de ma cour de son projet,  il m’assure avec autorité que pas de problème, je m’incline de grâce moyennement bonne et annule tout le reste.



Il s’installe, me certifie une fois encore que si, bien entendu ce qui compte c’est l’eau qui débouche venant du toit mais il a bien pensé qu’il y en a aussi, mais c’est moins important manifestement,  qui tombe dans ma cour, je lui oppose que ne vois pas pourquoi, il a la gentillesse de celui qui sait mais tolère, de me dire de ne pas m’en faire… je m’abstrait dans la rédaction du deuxième quart et au moment où j’entame le quatrième il vient me dire au revoir.



Je sors, je constate, je ne crie pas, les petites vieilles ne veulent pas être traitées en vieilles folles hystériques, je dis que je n’admets pas, il répond que même si ça ne semble pas vrai le petit espace suffira pour évacuer ma pauvre pluie, je consens que oui mais pas celle d’une forte pluie ou d’un orage, il répond qu’on verra bien alors et repart (tout ceci plus longuement, avec force mais sans cris inutiles de ma part). Je le trouvais charmant, je cesse brusquement. Je téléphone au propriétaire qui me répond qu’il me comprend mais qu’il lui fait confiance, c’est un homme calme et sensé (pas comme moi) et qu’on verra bien… Me reviens le souvenir d’une nuit où me suis réveillée, ai posé pied sur le sol de ma chambre inondée et de l’heure passée à éponger avec l’énergie du désespoir. Je ne sais s’ils verront mais moi si… et ne peux rien faire.



Suis sortie pour racheter des pansements pour mes doigts et le Canard, pour tuer ma rage surtout.



Ai trouvé consolations (même si cela ne règle rien) en rentrant et pour exprimer ma colère que je peine à calmer, recours à Laurent Margantin 

Un jour lointain au château d’Oberwiedersted dans l’ex-Allemagne-de-l’Est château où naquit le poète Novalis en 1772 je suis assis dans une salle au sous-sol et raconte mes rêves à de parfaits inconnus

La porte au fond couloir

L’encrier et la boite à musique

Histoire du garçon qui balance des chats dans le vide

Sa vie de chaman… 

et, puisque le lisais cette nuit dans un joli petit livre des Editions Allia, en guise de poème pour ce jour, à Isidore Ducasse et au début d’une très longue liste de calamités dans « Poésies I & II » même si elles n’ont aucun rapport avec mes ennuis (s’appliquent aux « littérateurs)

Les perturbations, les anxiétés, les dépravations, la mort, les exceptions dans l’ordre physique ou moral, l’esprit de négation, les abrutissements, les hallucinations servies par la volonté, les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements, les imaginations creusantes, les romans, ce qui est inattendu, ce qu’il ne fait pas faire, les singularités chimiques de vautour mystérieux qui guette la charogne de quelque illusion morte, les expériences précoces et avortées, les obscurités à carapace de punaise, la monomanie terrible de l’orgueil, l’inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyrannies, les impiétés, les irritations, les acrimonies… et j’en reste là (il y a encore près de deux pages) 

mercredi, avril 24, 2024

La guerre que me fait le vent - et un poème venu d’une île lointaine

 


Vents de la Drôme

vents d’Ardèche

et vents de la Lozère

toi aussi le vent

des rues du centre

enfants vous êtes

qui vous croyez grands.

Sieur le vent qui ce matin

voulait m’empêcher

de gravir pente,

que j’affrontais front baissé

et jambes raidies

qui m’a fait chuter

contre les pierres d’un mur

me râpant les doigts

et coinçant mon appareil

ce qui me navrait

bien davantage,

vous toise et passe.




Rue de la République

avançais l’air hébété

cheveux hérissés

sous les jeux de son souffle

remuant les doigts.

Ai choisi poisson,

mordu pain au chocolat,

ne voyais que l’appareil.

L’ai injurié et frappé

contre ma paume

au seuil de la pharmacie

et ce fut le miracle.

Il a repris vie

Je l’ai embrassé.

Un enfant a ri.

Et j’ai continué mon jour, courbatue, moulue et résolue à éviter sorties… je boude la raison (d’où la sottise de cette présentation).



Pensant au vent, cherchant poème, ai pensé îles et plutôt que Saint Pierre et Miquelon ai choisi La Réunion, et Myriam Cazalou

Mon île chante

Mon île chante au vent et à la pluie

La grande voix nostalgique des flots

S’enfle, s’étend quand ruissellent les eaux,

Au flanc des monts, sous le ciel noir de suie,

Immense flot de dentelle d’argent,

En bouillant, descendent les cascades,

Et, au galop, telle une cavalcade,

Avec fracas, dévalant les torrents.

Mon île chante, au vent et à la pluie,

De cris plaintifs, paille en queue, et bouquets,

Remplissent l’air et les cimes qu’ils fuient.

Dans les jardins saccagés, par bouquets,

Feuilles et fleurs, s’envolent, tourbillonnent;

Illuminés d’éclairs, qui les sillonnent,

Les cieux plombés grondent terrifiants.

Mon île chante aux souffles des grands vents.

(dans « Mon île au ciel d’azur », 1972, repris dans « Outremer — Trois océans en poésie », Editions Bruno Doucey)

Elle m’a fait honte… vous demande votre indulgence (grâce à son poème)